L'IA est-elle en train d'achever de nous rendre complètement cons ? Probablement.
Je ne sais pas ce qu’il y a de pire : l’IA elle-même ou les gens qui en parlent.
On dirait que tout le monde s’est passé le mot pour réciter le même chapelet : “C’est fascinant mais inquiétant”, “On manque de recul”, ”Attention : l’IA affabule“, “L’humain gardera toujours sa place.”
Alors, avant de rédiger un article de plus qui aurait pu s’intituler “Sans surprise, l’IA existe”, allons tout de suite à l’essentiel, la question qui fâche.
L’IA est-elle en train de finir de nous rendre complètement cons ?
Quand ChatGPT est arrivé dans ma vie, j’ai cru à une mauvaise blague de l’Histoire. Je me suis réveillée un beau matin avec des unes catastrophistes dans les journaux : “Quels métiers vont disparaître avec l’intelligence artificielle ?” Et dans le peloton de tête, entre les traducteurs et les graphistes, trônait “journaliste”. J’ai eu la vision nette de ma propre extinction. Moi, empaillée, exposée au musée de l’Homme entre le Minitel et un lecteur MP3, avec une petite pancarte :
“Journaliste : mammifère autrefois répandu dans les rédactions, connu pour sa propension à corriger les fautes des autres et à se plaindre du tarif des piges.”
Les visiteurs s’arrêteraient, émus :
“C’est fou, ils écrivaient encore eux-mêmes leurs textes ? Et ils étaient payés pour ça ?”
“Oui, mais mal.”
Alors, par peur de finir chez le taxidermiste, j’ai testé. La rencontre avec toi, cher GPT.
Et là, soulagement immédiat : tu étais… nul. D’une nullité réconfortante. Tu écrivais des poncifs pas possibles, toutes tes intros commençaient par “Dans un monde où”, “À l’heure de”. Tu n’étais même pas foutu de faire tes propres recherches sur le web.
Mais ça, c’était en novembre 2022, et depuis, tu as eu l’insolence de progresser, très vite, trop vite. Comme ces enfants pseudo HPI qui apprennent à parler à 9 mois, puis à jouer du violon à 3 ans.
Bref, on a commencé une drôle de relation : moi, dinosaure angoissé. Toi, machine en pleine puberté. Entre nous, un mélange assez toxique : la peur de disparaître… mais aussi une excitation pas très nette. Parce que quand j’ai vu que tu pouvais écrire en dix secondes ce qui me prenait trois heures, j’ai ressenti une joie honteuse.
Le genre de joie qui annonce un problème.
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